M.A.S. EXPERIMENTALE
"L'ALTER EGO"
pour ADOLESCENTS et jeunes adultes AUTISTES
5
– 7 Rue Lavoisier ZAC de Montvrain 91540 MENNECY
tél : 01 60 79 85 10
PROMOTEUR et GESTIONNAIRE : A.I.D.E.R.A.-ESSONNE
5 – 7 Rue Lavoisier ZAC de Montvrain 91540 MENNECY
DENOMINATION : Structure intermédiaire expérimentale pour adolescents et jeunes adultes autistes comprenant :
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1. Le Projet
A la suite des premières démarches engagées auprès des collectivités et des équipes de conception, une première zone dimplantation a été pressentie. Il s'agit de parcelles situées à proximité de la commune de Mennecy (91).
Pour des raisons pratiques et économiques, deux parcelles sont recherchées. L'une accueillera la structure de jour, l'autre la structure de nuit et le centre d'urgence, tout en séparant les deux constructions. Ces parcelles, sans être contiguës, ne devront pas être trop distantes l'une de l'autre, afin d'autoriser les déplacements par tous les moyens usuels.
Personnes souffrant d'autisme ou présentant d'autres troubles envahissants du développement apparentés à l'autisme, ainsi que des handicaps associés (par exemple : épilepsies fréquentes).
Bénéficiaires de la structure d'accueil
Adolescents en provenance de l'I.M.E. "Notre Ecole" ou d'autres institutions et nécessitant une prise en charge différente de celle des enfants en fonction de leurs capacités d'évolution avec potentialité éventuelle d'intégration en C.A.T.
Jeunes adultes issus d'un externat ou sans prise en charge, et nécessitant une continuation soutenue des apprentissages.
Ce brassage d'adolescents plus autonomes et de jeunes adultes au handicap plus lourd autorise le déroulement effectif des activités d'atelier. Il permet en outre de garantir une plus grande facilité d'équilibrage des contraintes d'encadrement issues des phénomènes de troubles du comportement envahissants qui peuvent se manifester chez certains.
Bénéficiaires du centre d'urgence
Adolescents et jeunes adultes dans une phase dite "de crise" mettant l'établissement où ils se trouvent et sa famille en difficulté majeure.
Adolescents et jeunes adultes dont la famille est dans l'incapacité temporaire de faire face à sa prise en charge habituelle (maladies, épuisement, problèmes de fratrie, ).
2.1.1. Etudes des besoins
Enquête d'identification des besoins pour une structure d'accueil
Une enquête a été menée de mars à juin 2000 par un envoi d'un questionnaire adressé aux familles déjà répertoriées ou ayant été identifiées à l'occasion de la diffusion par la revue du Conseil général de l'Essonne d'un article relatif à l'association A.I.D.E.R.A. -ESSONNE.
32 questionnaires ont été collectés, dont 25 en provenance du département de l'Essonne, six d'autres départements franciliens et un de province.
Le contenu de l'enquête portait sur les rubriques suivantes :
- Identité,
- Prise en charge actuelle,
- Identification des souhaits.
L'analyse des réponses a mis en évidence un proche équilibre entre les sexes des personnes identifiées (18 hommes pour 14 femmes).
En 2000, l'âge de ces personnes se répartissait de la manière suivante :
- De 14 à 16 ans : 8
- De 17 à 18 ans : 11
- De 19 à 20 ans : 5
- De 21 à 25 ans : 8
- Plus de 25 ans : 0
Ces personnes sont actuellement pris en charge de la manière suivante :
- au domicile,
- en structure hospitalière,
- 19 en externat dont 16 en I.M.E.,
- 3 en classe intégrée,
- 3 en internat pour adultes.
Plus de 15% de cette population ont une prise en charge non éducative ou non adaptée à l'autisme.
Tous expriment le souhait de recourir à l'internat alternatif afin de travailler progressivement et sans heurt, la séparation d'avec la famille.
L'analyse qualitative des réponses fait apparaître le souhait d'avoir un rythme modulable en fonction de la personne accueillie et des difficultés de la famille, permettant à terme d'atteindre l'objectif de l'indépendance d'avec cette famille.
La majorité des familles souhaite une ouverture qui s'apparente à celle d'un I.M.E., complétée par des formules de type "colonies de vacances" dans d'autres structures.
En conclusion, il ressort majoritairement un souhait des familles pour une poursuite de l'éducatif entrepris dans les I.M.E. type "Notre Ecole", pour une orientation de la prise en charge vers des activités manuelles valorisantes et une préparation soit aux structures type "C.A.T." et appartements thérapeutiques pour les plus autonomes, soit à des structures de type "M.A.S." pour autistes telles que celle élaborée par l'association "La Chalouette.
2.2. Situation du projet par rapport aux établissements départementaux
Sur la base des ratios reconnus de 15 autistes pour 10 000 habitants, on peut estimer les besoins départementaux en place pour adultes autistes entre 267 et 374.
Les places déjà opérationnelles telles que celles du foyer de vie de Verrières le Buisson ou à venir comme celles de la structure conçue par l'association "La Chalouette" restent largement insuffisantes. De plus, le projet se situe résolument comme une structure intermédiaire entre les I.M.E. et les M.A.S. ou les C.A.T. classiques pour adultes, tous âges confondus.
3. Objectifs sociaux, pédagogiques et thérapeutiques du projet
3.1 Objectifs sociaux, pédagogiques et thérapeutiques de la structure d'accueil
3.1.1. Objectifs généraux
Le projet de structure d'accueil se concentre sur les actions suivantes :
- réaliser des structures permettant d'exercer l'approche éducative, pédagogique et thérapeutique qui doit se poursuivre auprès des jeunes adultes, au-delà de l'adolescence ;
- intégrer un hébergement à dimension humaine qui conserve un climat convivial et d'ambiance "familiale" tout en garantissant à chacun son intimité ;
- permettre la pratique d'activités individuelles et collectives tant au niveau de la structure quà lextérieur de celle-ci afin de favoriser la socialisation ;
- poursuivre lacquisition dune indépendance progressive adaptée au rythme de lindividu ;
- développer des activités de gestion de la structure (courses, jardinage, décoration, entretien, ) et les orienter vers un concept de travail valorisant ;
- tendre vers une préparation aux structures de type C.A.T. pour ceux qui en ont la capacité.
Les conséquences attendues se situent à deux niveaux :
- contribuer à l'autonomie progressive des jeunes adultes autistes qui dépendent actuellement entièrement de leurs familles ;
- valider des programmes de prises en charges éducatives et pédagogiques, pour une population destinée antérieurement à une seule prise en charge en secteur psychiatrique.
Caractéristiques générales :
Le projet est une passerelle entre la prise en charge de type I.M.E. (semi-internat) et l'internat pour adultes, pour lequel la grande majorité des personnes actuellement prises en charge à "Notre Ecole" et leurs parents n'ont pas été préparés.
En tant que tel, il doit apparaître comme une entité ayant son autonomie et son originalité, mais aussi s'inscrire dans la démarche éducative soutenue par l'association A.I.D.E.R.A. ESSONNE, en relation étroite avec l'I.M.E. "Notre Ecole".
La fonctionnalité et l'adaptabilité des installations doivent permettre la mise en uvre dune approche éducative, pédagogique et thérapeutique ainsi que faciliter des apprentissages en ateliers.
La volonté de socialisation doit se traduire par une organisation spacio - temporelle telle que les usagers aient un accès favorisé sur lenvironnement extérieur et que réciproquement, leurs familles comme leurs différents partenaires sociaux culturels et économiques, de proximité, puissent apporter une contribution à la vie de la structure.
Toutefois, le déficit de perception des dangers, rencontré fréquemment chez les autistes, rend impératif le contrôle d'accès et de sortie des usagers. Ceci doit se refléter dans l'organisation des espaces, l'aménagement des zones d'activités et d'hébergement. De même, la volonté douverture aux différents partenaires nécessite que laccessibilité soit contrôlée afin de garantir la sécurité et la quiétude des usagers.
Le projet correspond à une approche innovante en matière de prise en charge. Elle doit donc être conçue de manière à s'adapter à l'évolution des besoins, en fonction de l'expérience acquise après quelques années de pratique.
3.1.2. Le projet de vie
- Quelques préalables :
Les évaluations successives des enfants, adolescents et même jeunes adultes de "Notre Ecole" ont permis de vérifier qu'une éducation structurée dans un environnement stimulant est source de progrès quel que soit l'âge, chacun évoluant à son rythme et selon ses capacités.
Une analyse plus fine du fonctionnement de la section Adolescents Jeunes adultes met en évidence que cette classe d'âge se définit prioritairement comme celle d'êtres en devenir dans une phase évolutive majeure. C'est ce qui fonde la nécessité de structures intermédiaires entre celles pour enfants et celles pour adultes tous âges confondus.
Cela implique la nécessité de travailler la séparation progressive d'avec les familles ainsi que de continuer à développer les capacités cognitives, la socialisation sans oublier l'épanouissement personnel.
Le droit à l'apprentissage des jeunes adultes autistes doit se traduire par un programme individualisé, évolutif, basé sur des essais d'activités très diversifiées et sur l'expérience de véritables choix. Ce programme sera la clef de sa capacité à s'investir dans un réel projet de vie.
- Le projet de vie :
Au-delà de l'enquête auprès des familles, des visites de nombreux C.A.T. ou d'établissements plus spécialisés dans l'autisme, nous avons confronté nos objectifs avec les recherches et les expériences au niveau international sur la notion de qualité de vie des personnes présentant un handicap ; par le biais notamment des discussions avec Raymond LEBLANC, professeur à l'Université d'Ottawa, coauteur d'un livre sur ce thème, lors de la semaine d'évaluation qu'il conduisait à "Notre Ecole" avec Daphné DUCHARME, audit diligenté par l'Association en mai 2000.
Le concept "qualité de vie" développé par une équipe canadienne et résumé ainsi : "être appartenir devenir" nous paraît une approche pluridimensionnelle englobant toutes les actions à développer pour aider le jeune adulte autiste à devenir l'humain le plus complet et le plus épanoui possible et à atteindre les limites de ses potentiels.
Aider à "être", c'est chercher à élargir le champ des motivations, des compétences, des goûts de chacun. C'est continuer à développer aussi bien des activités cognitives que des activités culturelles et de loisirs, que les aptitudes corporelles, que la régulation des troubles du comportement, sans oublier l'aide médico psychologique nécessaire aux adultes autistes comme aux plus jeunes, mais plus particulièrement dans le domaine de leur sexualité.
Appartenir, c'est avoir des racines dans la communauté, des interactions sociales, c'est acquérir le sens positif de sa propre utilité sociale.
C'est ce qui a fondé le concept d'établissement "perméable" de l'extérieur vers l'intérieur et réciproquement, de l'ouverture à la vie associative locale, au quartier, sans oublier les familles qui doivent garder une place privilégiée, d'une intégration dans la cité où les "acteurs" que rencontre l'autiste ne sont pas que des soignants.
Appartenir, c'est aussi se créer des occasions de développer des activités d'échanges par le biais des productions d'ateliers (ex. : confitures, peintures, ), d'organisation ou de participation à des fêtes, kermesses, clubs divers,
Devenir, c'est avoir la capacité de bâtir des projets, c'est pouvoir s'intégrer, même si ce n'est que par intermittence, pour de brefs contrats, dans des activités diversifiées, de type "travail protégé".
Devenir, c'est pouvoir choisir, changer d'orientation, passer d'un établissement à un autre qui convienne mieux à une période particulière de la vie. Devenir, c'est travailler à acquérir suffisamment d'autonomie, de contrôle de soi, par exemple pour circuler de son lieu de travail à son lieu de résidence.
Ce sont ces analyses qui nous ont conduit à concevoir des établissements situés dans des lieux géographiques distincts, afin de favoriser tous ces apprentissages par le biais de programmes individualisés souples, évolutifs, fréquemment évalués aussi bien au niveau de leur contenu que des processus de choix pratiqués.
Cela implique donc de porter une attention toute particulière à la formation initiale et continue de l'équipe d'encadrants et à la mise en place d'évaluations régulières de l'ensemble de la structure, par des équipes diversifiées, comme c'est le cas à "Notre Ecole".
3.1.3. Le projet éducatif
L'éducation structurée
- Les dysfonctionnements spécifiques à l'autisme perdurent à l'âge adulte même si l'éducation structurée dans l'enfance a permis de stabiliser voire de faire régresser les troubles.
Il est donc absolument nécessaire de continuer à développer une éducation structurée et structurante en continuant à organiser l'environnement avec lequel l'autiste a toujours des difficultés considérables, tout en l'élargissant et en ayant pour objectif de généraliser les acquis.
L'environnement physique doit être organisé en espaces clairement, visuellement et même symboliquement délimités, ayant des fonctions précises (zones de vie, zones d'activités en ateliers, zone d'apprentissages cognitifs, ).
La diversité d'implantation géographique des lieux d'activité, diurne d'un côté et de repos nocturne et de week-end de l'autre, sera une étape importante dans la généralisation pour l'apprentissage du monde extérieur (transports, achats, espaces de loisirs et de travail dans la cité).
L'environnement temporel continuera lui aussi à être organisé. L'emploi du temps (qu'il soit écrit, dessiné, défini par des objets) continuera à être un outil majeur, rendant le déroulement des journées prévisible et diminuant ainsi les sources d'angoisse, cause principale des troubles de comportement.
De même, les relations sociales, les sorties régulières comme la participation d'acteurs de la cité à l'intérieur de la structure devront être rendues lisibles, prévisibles, de façon à s'intégrer de manière harmonieuse dans la vie quotidienne et à ne pas être source d'insécurité.
- Les activités d'atelier et les activités pré professionnelles
Les projets éducatifs individualisés seront réalisés en prenant la pleine mesure des rythmes, des goûts et des disponibilités de chacun. L'accent sera mis sur l'autonomie en vue d'une intégration optimale dans la communauté.Les activités d'apprentissage s'inscriront plus directement que pour l'enfant dans des tâches quotidiennes (ex : aide au secrétariat, à la cafétéria, jardinage, ) et dans des ateliers divers (poterie, reliure, petite menuiserie, ).
L'objectif premier sera de développer la notion valorisante d'utilité sociale et celle de travail quand cela est possible. Les niveaux de handicap étant très variables, les zones d'activité seront pensées en fonction d'une participation optimale de tous.
Par exemple, les activités "cuisine" réalisées sur les fruits consisteront, pour certains, dans un premier temps à l'apprentissage du dénoyautage afin d'acquérir le maximum dautonomie au cours de leurs repas. Pour d'autres, ce sera la confection de confitures avec l'apprentissage des séquences successives allant de l'achat des fruits jusqu'au pot étiqueté. Pour tous, enfin, selon leurs capacités et leur intérêt, ce sera une participation à l'amélioration de la restauration de base fournie à la structure par une entreprise. Il est absolument nécessaire que tous soient impliqués dans la finalité de ces activités afin qu'elles prennent sens pour eux.
L'ergothérapeute trouvera là son rôle majeur auprès de tous les jeunes adultes.
L'organisation en petites équipes bénéficiant d'un encadrement conséquent, afin de personnaliser et d'individualiser l'aide éducative, reste plus que jamais nécessaire. Des séjours de durées diverses seront réalisés dans d'autres structures lorsque l'encadrement le jugera possible, afin de permettre une intégration dans le secteur du travail protégé.
- Les apprentissages cognitifs
L'expérience prouve que les jeunes adultes autistes continuent à apprendre, à progresser et à trouver valorisation et plaisir dans ces acquisitions. Certains présentent même des aptitudes surprenantes, parfois difficiles à déceler, voire encore ignorées et qui méritent d'être développées.L'apport d'un instituteur spécialisé reste essentiel et irremplaçable. Sa mission spécifique se doit d'être élargie à tous. (voir en annexe la demande adressée à Monsieur l'Inspecteur d'Académie de l'Essonne).
Des expériences d'utilisation de l'outil électronique avec des résultats positifs se généralisent dans le monde du handicap, même pour les autistes. Cette pratique est à développer dans un tel type de structure.
Même si l'autiste n'a pas l'air de regarder, de savoir fixer son attention, il est établi que l'audiovisuel, bien utilisé, peut être un outil utile et apprécié. Le recours à des jeux éducatifs variés, à une bibliothèque peut également favoriser l'accès ou la consolidation de l'écriture, de la lecture, du langage et même du calcul. Reconnaître une étiquette "Oui" d'une étiquette "Non" : quel point de départ fabuleux pour des stratégies de choix !
Là encore, plus qu'ailleurs peut-être, le refus de catégoriser définitivement les individus, la volonté de tenter, d'expérimenter diverses stratégies, d'être à l'écoute de nouvelles techniques, ont fait les preuves de leur efficacité.
- Les activités culturelles et les activités de loisirs
Apprendre à développer ses intérêts, à s'occuper seul de façon agréable pendant ses temps libres, reste un des objectifs difficiles à atteindre pour un autiste.La musique, le théâtre, la danse, activités appréciées par tous comme cela a été prouvé à "Notre Ecole", continueront à être développées dans ce but. Elles seront de plus en plus axées vers des activités extérieures (sorties, participation à des clubs, ). L'accent sera mis également sur les activités de groupe au sein de la structure, activités à la fois sécurisantes et socialisantes (ateliers peinture, cafétéria, ).
- Les activités physiques et sportives
Elles auront pour but l'accroissement de la conscience du corps et le développement harmonieux de celui-ci. Les activités de détente, de relaxation (ex : jacuzzi) compléteront les activités classiques : poney, piscine, Là encore, l'accent sera mis sur la participation à des activités intégrées (clubs sportifs, compétition type "Kiwani").
- Le développement de la communication reste la priorité première qui doit mobiliser toute l'équipe éducative.
Sans capacité de communication, pas d'échange, pas d'intégration, pas de possibilité d'être acteur de sa propre vie au sein d'un groupe.
Tous les moyens de communication, depuis le simple regard en passant par les mimiques, les gestes, l'utilisation de pictogrammes, jusqu'à la verbalisation ; toutes ces techniques peuvent et doivent être utilisées, à la seule condition qu'elles favorisent les relations positives avec les autres et une participation accrue à la vie en milieu ouvert. Les échanges constructifs avec les familles qui ont établi depuis l'enfance une pratique de communication particulière devront continuer à être développés, afin doptimiser la mise en place de toutes les stratégies de communication possibles.
L'attention au "bien être psycho affectif" de chacun, la nécessité de déceler les souffrances psychologiques souvent accrues depuis l'adolescence, l'aide à apporter à chaque jeune adulte afin qu'il assume au mieux sa sexualité, mais aussi l'attention aux difficultés d'ordre purement médical, tout cela constituera l'ensemble des tâches affectées prioritairement à l'équipe médicale et para médicale, assistée bien évidemment de toute l'équipe éducative, dont la vigilance devra être sans cesse en éveil dans ces domaines.
Pour de nombreux adultes autistes, les troubles sensoriels restent une source de difficultés importantes dans leur relation au monde. Il sera donc nécessaire de continuer, selon les individus, le travail sur l'ouïe, la vue, le toucher, le goût, par une rééducation sensorielle et motrice.
Il demeure également chez beaucoup d'entre eux des difficultés de l'ordre de la psychomotricité générale et/ou de la psychomotricité fine. Le psychomotricien aura pour tâche essentielle de définir les besoins et exercices appropriés, adaptés à chacun et ce, aussi bien dans les activités centrées sur le corps que dans tous les moments de la vie quotidienne.
3.1.5.1 Une population mixte adolescents jeunes adultes
L'observation de la population de "Notre Ecole" depuis son ouverture en 1992 et le "vieillissement" de celle-ci ont mis en évidence plusieurs faits :
- Les jeunes adultes autistes ont toujours envie d'apprendre et continuent à progresser au-delà de l'adolescence, même s'ils mettent beaucoup de temps en raison de leurs difficultés de généralisation.
- Avec l'âge, les intérêts évoluent. Le cadre éducatif dans lequel s'inscrivent les activités doit donc changer et s'orienter pour amplifier l'emprise de chacun sur son vécu et favoriser une ouverture plus grande vers le monde extérieur (par exemple, par des activités axées sur le corps, sur la vie quotidienne, sur les loisirs).
- Dès le début de l'adolescence, certains autistes présentent très vite des signes de perte d'intérêt pour une prise en charge conçue principalement pour des enfants ; d'autres avec des pathologies associées plus lourdes ne le manifestent que plus tardivement.
3.1.5.2. Des lieux d'implantation distincts
Une unicité de lieu de vie peut ne pas présenter de difficultés pour des personnes dont le handicap se résume à des problèmes de motricité. Elle va au contraire susciter chez la personne autiste des difficultés pour se repérer dans le séquençage de ses périodes d'activité. En conséquence, le choix de lieux d'implantation distincts favorise la dichotomie travail loisirs/repos, l'apprentissage de l'autonomie de transport et la généralisation d'activités identiques pouvant se dérouler à des périodes et dans des lieux différents. Pour garantir la sécurité et autoriser l'intervention du personnel sur les deux entités (jour et nuit), cette distinction doit néanmoins tenir compte d'une certaine proximité.
3.1.6. La démarche qualité
3.1.6.1. Considérations générales
La réelle difficulté pour mettre en place une démarche qualité est de pouvoir recueillir les perceptions de toutes les catégories de personnes concernées, y compris et surtout, les usagers directs, c'est à dire les autistes dont la plupart sont non verbaux.
"La tendance habituelle est de penser qu'un problème d'expression des attentes ou besoins relève d'une lacune chez la personne ayant un retard mental ( ). En revanche, on pourrait tout aussi bien croire que le problème relève plutôt de l'interlocuteur, en l'occurrence l'enseignant ou le pédagogue social qui est incapable de comprendre ou d'interpréter le message émis". (extrait de : Ecrire ensemble votre vie : la problématique de la qualité de vie au Danemark - p. 35).
Il s'agira donc bien dans une première phase, en se fondant sur l'innovation, d'élaborer un cadre conceptuel et des outils d'évaluation permettant la mise en place d'un programme original, répondant aux attentes et aux besoins évoluant au cours du temps, exprimés par les personnes accueillies et leurs familles.
Le questionnement couvrira tous les aspects de la qualité de vie, depuis les considérants matériels, concernant la santé, le bien être personnel, la sécurité, l'emploi du temps et les activités, la socialisation et le sentiment d'utilité sociale, jusqu'aux stratégies d'expression et de choix.
3.1.6.2. Prise en compte de la population accueillie et des familles
Le projet éducatif individualisé, tel qu'il est défini à "Notre Ecole", devra tendre vers un projet de vie individualisé plus global. Celui-ci sera élaboré en commun par les adolescents / jeunes adultes eux-mêmes (selon des modalités variées à découvrir et à mettre en place), les familles et les professionnels. Il fera l'objet d'un écrit, comme c'est déjà le cas pour le projet éducatif individualisé à "Notre Ecole", dont la forme et l'adaptabilité restent à définir en vue d'une utilisation optimale par tous les protagonistes. Tous les six mois, il sera évalué et réactualisé au cours d'une réunion tripartite telle que définie précédemment. Si des difficultés dans la prise en charge ou au retour dans la famille apparaissent, des réunions complémentaires devront être organisées à la demande des uns ou des autres.
- Prise en compte du personnel
Des fiches de postes devront être élaborées par le directeur et communiquées au personnel lors de son embauche. Elles seront l'outil de base pour un audit interne annuel, permettant d'apporter d'éventuelles modifications dans le fonctionnement de la structure. Le bilan de l'audit interne devra faire l'objet d'au moins une réunion annuelle de l'ensemble du personnel au titre de la revue de direction. Le compte rendu synthétique devra être fourni par le directeur au conseil d'administration. Le directeur aura également pour mission de donner à son équipe professionnelle les moyens de travailler avec d'autres équipes afin de confronter les pratiques et de conserver intacts sa mobilisation et son dynamisme au cours des années.
- L'audit externe annuel
Comme cela est déjà le cas à "Notre Ecole", une équipe extérieure de consultants compétente dans les techniques de prise en charge des autistes, consacrera une semaine environ à l'observation de la vie de l'établissement sous tous ses aspects (pédagogie dispensée, adéquation projet individuel / personne concernée, relations internes, relations avec les familles, ouverture vers l'extérieur, ). Un compte rendu de l'audit sera remis au conseil d'administration et au directeur et diffusé à l'ensemble du personnel et au conseil d'établissement.
Dans un souci d'efficacité, qui permette à la fois une lecture évolutive de la structure dans le temps et une lecture plurielle par l'apport de regards variés, cette équipe de consultants sera renouvelée tous les trois ans.
- Le conseil d'établissement
De par sa composition, il est le lieu privilégié de la collecte de toutes les propositions visant à améliorer le fonctionnement de la structure, sous tous ses aspects et pour l'épanouissement de tous. Il est également une force essentielle de réflexion et de propositions dans la conceptualisation des outils d'évaluation de cette démarche qualité.
3.2. Objectifs sociaux, pédagogiques et thérapeutiques du centre d'urgence
3.2.1. Objectifs généraux :
Les objectifs sociaux, pédagogiques et thérapeutiques de ce centre sont similaires à ceux définis pour la structure d'accueil. Leurs aspects thérapeutiques revêtent néanmoins une importance accrue en raison des troubles accentués à prendre en compte. La démarche suivie peut donc se résumer ainsi : protéger, soigner, sécuriser, structurer et réintégrer ou orienter vers un autre type de prise en charge.
3.2.2. Objectifs particuliers :
- Assurer la sécurité de la personne accueillie.
- Répondre à ses besoins fondamentaux : se sentir protégé, se sentir accepté, entouré et respecté, bénéficier d'activités et de relations épanouissantes sur les plans physique, psychologique, social et cognitif.
- Assurer le suivi médical et dispenser les soins nécessaires en période de crises.
- Sauvegarder ses acquis.
- Soutenir les familles.
- Travailler avec son établissement d'origine afin de préparer sa réintégration ou son orientation vers un autre établissement.